Brexit : vogue le bateau ivre (05/03/2019)

A moins d'un mois de la date prévue pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, on ne peut pas dire que l’on y voit beaucoup plus clair. Comment va se passer ce départ ? Va-t-il avoir lieu le 29 mars comme prévu ?

 

Poser la première question c’est poser la question de l’accord de retrait. Or, il a été rejeté par la Chambre des communes britannique en janvier dernier. Poser la seconde question, c’est envisager ce qui paraissait inenvisageable : un report de la date de sortie pour éviter un départ sans accord qui causerait pagaïe et confusion aux frontières, dans les échanges commerciaux, les transports, sans compter des conséquences économiques et sociales moins faciles à mesurer pour l’instant.

Face à la fronde de sa majorité dont une partie ne veut pas de l’accord qui a été difficilement négocié avec l’Union, et l’autre refuse un no deal, la Première Ministre britannique a bien été obligée de proposer une nouvelle stratégie. Ce plan, présenté aux députés britanniques le 26 février, consiste à demander un nouveau vote sur l’accord de retrait, le 12 mars (Theresa May espère toujours pouvoir obtenir d’ici là des concessions de l’Union européenne pour assurer un vote favorable…ce qui est loin d’être gagné). Si les députés votent à nouveau contre, un second vote aura lieu le 13 mars, sur une sortie de l’Union européenne sans accord. Et si ce vote est négatif, Theresa May présentera aux députés le 14 mars une proposition de report du Brexit.

Mais encore faudra-t-il que les autres états de l’Union y soient favorables. A priori, c’est le cas sur le principe. Mais…il y a des conditions. Des pays comme la France et l’Espagne ont déjà prévenu que pour que le délai soit prolongé le Royaume-Uni devra les convaincre qu’il y a « une perspective claire sur l’objectif poursuivi » (selon les mots d’Emmanuel Macron). Autrement dit, un report est possible, mais il faut que Theresa May explique comment elle veut utiliser le délai supplémentaire demandé, ainsi que l’a rappelé le négociateur européen, Michel Barnier. Et comme un délai supplémentaire ne peut être accordé que par un vote unanime de tous les états, Theresa May a du pain sur la planche.

Autre question qui se pose : quelle durée pour ce report de délai ? Comme des élections européennes pour renouveler le Parlement européen ont lieu entre les 23 et 26 mai, le report ne pourrait aller au delà de fin juin. Une prolongation plus longue obligerait le Royaume-Uni…à participer aux élections pour élire des députés européens !

Ni l’Union européenne ni le Gouvernement anglais ne souhaitent en arriver là. C’est pourquoi ils négocient une déclaration politique qui pourrait vaincre les réticences des députés britanniques en clarifiant la solution trouvée pour ne pas rétablir une frontière physique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord (backstop qui prévoit, à défaut de solution acceptable par les deux parties, d’établir un territoire douanier unique UE-Royaume-Uni ). Ainsi que l’a dit récemment Michel Barnier dans une interview donnée à des journaux européens, il s’agit d’apporter des garanties aux opposants à l’accord de retrait qui craignent que le backstop ne soit un moyen de maintenir indéfiniment le Royaume-Uni dans l’union douanière, en s’engageant à mettre tout en oeuvre pour trouver une alternative le plus rapidement possible. Mais l’engagement de l’UE s’arrête là car il n’est pas question comme l’a rappelé Michel Barnier de limiter dans le temps le backstop a priori.

On ne peut donc pas dire que l’inextricable problème du Brexit soit réglé, la seule solution aujourd’hui envisagée étant de se donner un peu plus de temps pour une issue toujours incertaine.

C’est pourquoi, aucune hypothèse ne peut être écartée, y compris celle d’un Royaume-Uni s’incrustant dans l’Union européenne ! Le scenario d’un nouveau referendum revient dans l’actualité à la suite du ralliement récent du parti travailliste à cette idée. Le retour devant le peuple pour sortir de l’impasse créée par l’incapacité des politiques, une idée bien dans l’air du temps.

 

Domaguil...is back ;)

 

17:51 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brexit, theresa may, 29 mars 2019, report, royaume-uni, union européenne, quoi de neuf en europe |  Imprimer