Directive temps de travail, touchée, coulée (28/04/2009)
Après des négociations aux multiples épisodes entre le Conseil et le Parlement européen, aucun accord n’a pu être trouvé sur la proposition de modification de la directive qui réglemente la durée maximale du temps de travail hebdomadaire.
Les eurodéputés n’ont pas reculé sur les points qui faisaient l’objet d’un désaccord avec les états membres. Il s’agit, tout d’abord, de la clause de non-participation ou (opt-out) qui donne la possibilité de dépasser volontairement la durée hebdomadaire maximale du travail de 48 heures. Les eurodéputés demandaient la suppression de cette clause après une période de transition de trois ans. Mais le Conseil n’a rien voulu entendre. Sur le temps de garde, le Parlement continuait de demander que l'ensemble du temps de garde soit pris en compte comme du temps de travail. Le Conseil est resté sur sa position en continuant à faire la distinction entre temps de garde « actif » (qui devrait être considéré comme du temps de travail) et temps de garde « inactif » (non pris en compte), une distinction qui est contraire à la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes, qui a jugé que le temps de garde est du temps de travail.
Je relève donc cette nouvelle manifestation de l’émancipation politique du Parlement et de sa montée en puissance par rapport au Conseil à la faveur de l’application de la procédure de codécision à un nombre croissant de matières, une évolution que le traité de Lisbonne amplifie. Je la relève avec d’autant plus d’intérêt (et d’ironie) qu’elle contredit de façon éclatante les arguties de ceux qui voudraient faire croire à la légende du Parlement européen sans pouvoir.
Le communiqué qui relate l’événement souligne de plus que c’est la première fois que les réunions de conciliation entre les deux branches du pouvoir législatif européen se soldent par un échec.
Le Parlement dit déplorer l’échec mais souligne qu’il est préférable à un mauvais accord qui aurait dégradé les conditions de travail. Le rapporteur de la position du Parlement le député Alejandro Cercas, a remarqué : « Nous avons laissé la porte ouverte et espérons qu’une solution sera trouvée avec la nouvelle Commission européenne et le nouveau Parlement ».
Faute d’un accord en effet, la proposition de révision devient caduque et la directive actuelle reste en vigueur jusqu’à ce que la Commission soumette une nouvelle proposition qui, souligne le Parlement en guise d’avertissement, devra se conformer à la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européenne sur la prise en compte du temps de garde pour le calcul de la durée du travail. Cet avertissement s’adresse aussi aux états car « il est clair », constate le communiqué du Parlement que certains états « veulent en finir avec des valeurs fondamentales qui existent depuis l’origine et ont perduré avec le développement du modèle social européen ».
De quoi faire réfléchir ceux qui sont tentés par l’abstention aux élections européennes. Enfin…S’ils veulent bien réfléchir.
20:15 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : directive, temps de travail, parlement européen, échec, quoi de neuf en europe | Imprimer
Commentaires
Vous savez bien que les abstentionnistes sont hydrocéphales, il n'y a pas de miracle à en attendre...
Pour ce qui est de l'impuissance générale du Parlement, vous pouvez vous référer à Jean Quatremer, qui ne passe pas pour un eurosceptique irécupérable (http://www.lalettrevolee.net/article-29387240.html).
Je m'arrête, mon cerveau a atteint sa capacité limite de concentration, le liquide rachidien approche son point d'ébullition... (oui, je m'abstiendrai)
Écrit par : edgar | 03/05/2009
Edgar, à défaut d’être hydrocéphale, vous êtes incorrigible et votre lecture de l’article de Jean Quatremer est un chef d’œuvre de mauvaise foi!
Quand vous prétendez que le Parlement européen est impuissant c’est pour justifier votre appel à l’abstention, car le bon souverainiste que je vous soupçonne d’être, ne peut se désoler de cette supposée impuissance mais au contraire, ne peut que redouter un parlement européen puissant. Dénigrer le PE et de façon plus générale l’UE n’a qu’un seul but : justifier le repli sur la Nation.
De manière générale l’affaiblissement relatif des parlements face à l’exécutif est un phénomène bien connu notamment depuis les analyses de Galbraith sur la technostructure et leur transposition à la sphère politique, ce qui ne nous rajeunit guère. Mais manque de chance : le PE non seulement n’est pas impuissant mais son évolution est celle d’une conquête de nouveaux pouvoirs contrairement à celle de notre bon vieux parlement national qui, lui, ne cesse de se faire rabaisser par l’exécutif (je vous revoie aux illustrations récentes de cet état de fait). Au fait, dites-moi : vous appelez à l’abstention pour les législatives ?
Et je vais vous contrarier encore plus : le Traité de Lisbonne renforce encore les pouvoirs du PE. Bonne soirée quand même.
Écrit par : Domaguil | 03/05/2009