Marine Le Pen déboutée par la justice européenne
A force de courir devant la justice, madame le Pen vient de se faire rattraper.
Ainsi que nous l'apprennent les medias (exemple: ici , ici et ici ) c''est la juridiction européenne qui lui met la main au collet dans une décision du 21 mai 2019 de la Cour de Justice de l'Union européenne (non publiée encore) confirmant l'arrêt du Tribunal de justice du 19 juin 2018 qui l'avait condamnée à rembourser au Parlement européen la modique somme de 298 497,87 euros. Madame Le Pen avait contesté cet arrêt devant la Cour de Justice.
Qu'est-ce qui est reproché à madame Le Pen? L'arrêt du Tribunal nous l'explique de façon très claire et circonstanciée: madame Le Pen a utilisé les fonds généreusement alloués par le Parlement pour une toute autre destination que celle à laquelle ils auraient dû être employés. En l'occurrence à payer ( 9 078,88 euros bruts mensuels) une supposée assistante parlementaire dont elle n'a jamais pu prouver le début du commencement d'un travail. Certains diront peut-être que ce n'est pas grave puisque c'est l'argent de cette Europe détestée qu'il s'agit de combattre par tous les moyens. Sauf qu'il s'agit de notre argent à nous, contribuables, et que c'est à nous que l'on fait les poches.
J'entends aussi déjà les habituels complotistes s'exclamer du haut de leur bêtise himalayenne, que cette affaire tombe bien pour les adversaires de madame Le Pen à trois jours des élections européennes pour lesquelles le RN fait la course en tête d'après les sondages.
Eh bien non. Argument irrecevable, amis crédules. Si la décision de la Cour intervient aujourd'hui, c'est après un marathon procédural de plusieurs années dont la responsable n'est autre que madame Le Pen elle-même. Car celle-ci, avec raison d'ailleurs, a utilisé toutes les voies de recours dont elle disposait pour retarder le moment où le couperet allait tomber. Ce qui est cocasse c'est de remarquer qu'elle a pu le faire dans cette odieuse dictature qu'est l'Union européenne, selon elle. Figurez-vous que dans cette bizarre dictature, les citoyens ont des droits pour se défendre contre l'arbitraire. Ce n'est pas comme...voyons, dans la Russie de monsieur Poutine où la justice est plus expéditive et moins regardante sur les droits des individus.
Madame Le Pen aura tout tenté pour convaincre les juges, y compris la tactique de la victimisation dont elle est si coutumière. Elle a ainsi allégué qu'elle était victime de discrimination car selon elle les députés d’autres formations politiques n’auraient pas subi les mêmes tracasseries. Hélas pour elle, le Tribunal ne s'est pas privé de rappeler qu'au contraire de ce qu'elle affirmait, d'autres parlementaires européens d'autres formations politiques avaient fait l'objet des mêmes recours (point 154).
A présent que la décision de la Cour s'étale dans les medias, madame Le Pen allume des contre feux en qualifiant la situation d' « ubuesque" et en jurant qu'elle a bien produit toutes les preuves du travail de son assistante. Mais voila, les juges européens n'ont pas voulu pas les examiner, nous explique-t-elle. Pourtant les points 108 à 120 de l'arrêt du Tribunal sont précisément consacrés à l'examen de ces fameuses « preuves » et il en ressort...qu'il n'y en a pas : « Elle n’a en effet pas fourni de preuve d’une activité quelconque de l’assistante parlementaire au titre de l’assistance parlementaire, ce qu’elle a d’ailleurs reconnu lors de l’audience. » Si madame Le Pen le reconnaît à l'audience, pourquoi dit-elle le contraire devant les medias ? (voir des extraits de l'arrêt sur le site eurogersinfo)
Ce n'est là qu'un épisode du feuilleton « Marine et la justice », puisque le remboursement au Parlement européen d'une autre somme, plus "modeste" celle-là (41 544 euros) lui est demandé au titre d'un autre emploi fictif supposé. Pour le moment, seul le Tribunal de l'Union européenne s'est prononcé en concluant que madame Le Pen doit bien rembourser cette somme. Mais un pourvoi est en cours devant la Cour de Justice de l'Union européenne. En France également, une enquête est ouverte dans cette affaire et madame Le Pen est mise en examen pour « détournement de fonds publics » aux côtés d'autres cadres du parti.
Domaguil