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L’Union européenne dans ses petits souliers….chinois

Titre d’une dépêche de l’agence Reuters du 30/08/2006 reprise dans la Tribune : « La CE contre le dumping chinois et vietnamien sur les chaussures ». Ah bon…La Communauté européenne n’est pas POUR le dumping ? Encore une révélation fracassante, me suis-je dit.

 

 

Plus « sérieusement » (si l’on veut) de quoi t’est-ce qu’on accuse-t-on la Chine et le Vietnam ? (je plaide non coupable pour la syntaxe défaillante de cette phrase qui est un petit hommage aux hilarantes plaidoiries de Luis Régo devant « le tribunal des flagrants délires » où sévissait aussi l'irrésistible Pierre Desproges).

 

 

Eh bien, en 2005, la Chine a exporté un milliard 250 millions de paires de chaussures dans l’Union européenne et ses exportations vers le marché européen ont augmenté de…1000% depuis 2001. Quant aux chaussures en provenance du Vietnam, elles atteignaient le nombre de  265 millions de paires en 2005, en augmentation de 100% depuis 2001. Durant la même période, l’industrie européenne de la chaussure a perdu 40 000 emplois.

 

 

La déferlante de chaussures asiatiques a poussé la Commission à y regarder d’un peu plus près et, en février 2006, elle annonçait que les investigations menées avaient révélé l’existence d’un dumping, la Chine et le Vietnam  ayant pratiqué des subventions déguisées qui permettaient de vendre certains de leurs  produits exportés vers l’Union européenne à prix cassés (inférieurs aux coûts de production). A la suite de quoi, la Commission avait décidé de taxer une partie des  chaussures vietnamiennes et chinoises durant une période transitoire de quelques mois, le temps de négocier avec les deux pays pour obtenir l’élimination du dumping.

 

 

Or, les mesures provisoires expirent le 06/10/2006 et devant l’absence de progrès des négociations, la Commission a proposé, le 30/08/2006, d’appliquer des droits de douane anti-dumping qui seraient imposés pendant 5 ans. Ils s’élèveraient à 16,5% sur les chaussures exportées par la Chine (174 million de paires seraient concernées) et à 10% sur celles provenant du Vietnam (103 millions de paires), en incluant dans les chaussures taxées les chaussures pour enfants qui étaient exclues des taxes provisoires avec pour conséquence des fraudes importantes (des chaussures pour adultes avaient été importées dans la catégorie chaussures pour enfants pour échapper aux droits).

 

 

Il reste à convaincre le Conseil qui doit voter à la majorité simple pour que les taxes proposées entrent en vigueur. Or, les états sont divisés sur la question (comme ils l’avaient été sur les importations de textiles chinois), partagés entre ceux qui dénoncent des mesures protectionnistes destinées à protéger des industries de toutes façons condamnées ( pays nordiques et Grande-Bretagne) et ceux (pays du sud) qui mettent en avant la « casse sociale » sans que les consommateurs profitent de prix sensiblement plus bas puisque, comme l’observe la Commission, les chaussures en cuir en provenance de Chine  et du Vietnam négociées à 8,5 euros la paire en moyenne, sont vendues au client européen 35 euros en moyenne.

 

 

 

Lors de son passage devant le comité des experts nationaux consulté préalablement, la proposition de la Commission a été rejetée. Mais selon la Commission, rien n’est joué, car ce vote a été obtenu à une « faible majorité » et le Conseil peut ne pas s'y rallier (même si ce n'est pas la coutume). D’autant, rappelle la Commission (assez perfidement) que les états peuvent se voir demander les raisons légales de leur vote. Ce qui est une façon très claire de les mettre devant leurs responsabilités. En particulier dans le cas où il faudrait expliquer  pourquoi les intérêts de l’industrie européenne n’ont pas été mieux défendus face à des pratiques illégales.

 

Domaguil

 

 

 

 

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