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Enervée!

 

Il ne se passe pas de jours sans que je ne m’énerve devant l’imbécillité des propos tenus par les happy few qui s’expriment sur les ondes et se croient de ce fait autorisés à nous assener l’expression de la vacuité de leur cerveau. Selon les cas, j’essaie pourtant de la jouer lucide : « tu ne détiens pas la vérité, ma fille, écoute les arguments des autres », démocrate : « tout le monde a le droit de s’exprimer » ou zen : « il faut de tout pour faire un monde »…Mais ça ne marche pas toujours. Mon tempérament méditerranéen sans doute…

A peine remise du débat d’hier soir sur France2 où les questions européennes sont passées au second plan pour faire place au concours de celui – ou celle - qui lancera la plus belle invective, je branche ma radio ce matin et après avoir navigué de station en station, arrive sur un débat sur les élections européennes. Chouette, me dis-je, pleine d’espoir…Hélas, le mot débat s’avère vite peu approprié, car il s’agit d’une sorte de pugilat verbal où rien ne va m’être épargné de tous les truismes et inepties qui circulent sur les élections européennes. En l’occurrence, un quidam pourvu d’un bel organe (je parle de ses puissantes cordes vocales) clame qu’ "il n’aime pas qu’on le prenne pour un con" et que pour cette raison il n’ira pas voter le 7 juin car il a déjà dit non au traité constitutionnel en 2005 et que ce non a été bafoué (je m’exprime beaucoup plus correctement qu’il ne l’a fait, car ce monsieur semble confondre trivialité et force des propos).

 

Dans un premier temps, je me prépare une camomille et prends la position du lotus, puis celles du chat, du crocodile, etc... La savane, la basse cour, le bayou et la serre ont beau y passer, rien n’y fait : ENERVEE je suis.

Comme les récriminations du Phare de la Pensée sur le vote bafoué, sur le viol de la démocratie et d’Etienne Chouard corrélativement, ne me sont pas inconnues, je rappellerai pour la nième fois que le programme de Nicolas Sarkozy annonçait l’adoption d’un traité européen simplifié qui serait ratifié par voie parlementaire. Si on peut lui reprocher une chose c’est uniquement d’avoir qualifié ce traité de simplifié ! Si on n’en voulait pas il ne fallait pas voter pour lui. Avec 53% d’électeurs, parler de viol de la démocratie est tout simplement absurde. Et quant au fond, celui du contenu du traité, comme il ne s’agit pas d’un sosie du traité constitutionnel, mais d’un texte différent, je ne vois pas en quoi le vote de 2005 a été trahi. Donc, je demande le classement de la plainte pour viol d’Etienne Chouard, parce que tout de même la justice est assez encombrée comme cela.

Qu’est ce qu’il dit encore, le Grand Imprécateur radiophonique ? Ah oui, tiens encore une idée originale : le taux d’abstention serait le révélateur de l’opposition à l’Europe. Donc, 60% d’abstention par exemple = 60% d’opposants à l’Europe. C’est simple comme la vie chez les bisounours. Ou comme un discours de souverainiste. Pour la subtilité, il faudra s’adresser ailleurs.

Je reprends de la camomille et rappelle ce qu’a écrit opiumdupeuple dans un commentaire d’un billet précédent et que j’approuve : « Et tous ceux qui seront allés à la pêche ou partis en week-end, et les « feignasses » qui préfèrent buller, et ceux qui ont oublié de s’inscrire, et ceux qui s’en foutent tout simplement, ce sont des résistants aussi ? Avec ce genre de raisonnement la « gôche » europhobe et les souverainistes vont pouvoir crier victoire et oublier leurs pathétiques résultats (pour des gens qui nous annonçaient que tout aller changer après le 29 mai 2005). On se console comme on peut ».

Comme le quidam continue son prêche, je tends l’oreille tout en me lançant un peu inconsidérément dans le geste de l’action inversée. Pendant que je vacille, j’entends qu’il n’est prêt d’abandonner son identité…Mais qu’est ce que c’est que cette paranoïa ? Il préfère être américain, ce monsieur ? Notre identité aujourd’hui c’est notre identité nationale, mais aussi européenne. Ca s’ajoute. Ca ne s’exclue pas. La France de grand papa de Gaulle, elle a plus de 50 ans. Le monde a beaucoup changé. Et c’est une chance immense de voir notre horizon s’élargir au dela des frontières nationales.

Mais stop. C’est plus que je ne peux en endurer. Je m’écroule sur le tapis et rampe vers la radio pour éteindre. Je vais envoyer ma note de frais « camomille » à rmc. Car, j’avais oublié de vous le dire, l’émission que j’écoutais s’appelle les grandes gueules.

 

Domaguil

Commentaires

  • Ah ah ah !

    Moi aussi j'écoutais cette émission. J'ai téléphoné pour intervenir mais ils étaient apparemment pris d'assaut.

    Tout à fait d'accord avec vous.

    Je leur envoie un lien vers cet article.

  • Doamguil

    C'est bien ce que je disais: quand vous vous "lâchez", vos billets sont savoureux! Merci pour ce moment d'amusement et gare à l'abus de yoga: vous êtes bien pétillante quand vous êtes énervée :-)

    "Simple comme un discours de souverainiste" : c'est bien vrai! Je dirais même : simpliste comme un discours de souverainiste

  • Bah. Les souverainistes sont en perte de vitesse. Ils rallient des mécontents de la situation actuelle mais cela ne signifie pas que ceux-ci veuillent sortir de l'UE. Ce qui se passe à mon avis, c'est que plus beaucoup de gens ne contestent l'appartenance à l'UE, ni celle à la zone euro depuis la crise, mais la façon dont elle évolue. C'est pourquoi j'y vois un signe positif : cela signifie que les citoyens ont intégré le fait que l'espace européen est aussi leur espace, et qu'ils entendent l'investir. En fait, l'UE est en train de s'imposer comme un acteur de la vie publique, et logiquement les institutions européennes comme les institutions nationales sont désormais, du fait de leur plus grande visibilité, beaucoup plus contestées dans leur action.

    Il restera toujours des nostalgiques du temps où seule la Nation était source de droit et de d'action politique car représentant la collectivité des citoyens . Comme il y a eu des nostalgiques des provinces et des octrois lorsque l'état centralisé et unitaire s'est imposé. Il y aura toujours des gens qui regardent en arrière et refusent de tenir compte des changements. Ils sont utiles car ils permettent justement que l'évolution se fasse en servant d'exutoire à ceux qu'elle effraie ou qui la refusent.

    Toute l'histoire de l'UE depuis 1957 est celle d'une montée en puissance, à travers les crises et les déboires divers. La crise actuelle montre que le temps de l'Europe politique est arrivé.

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