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  • Sommet sur le modèle européen dans la mondialisation

    Le 27 octobre se tiendra un sommet des chefs d’état et de gouvernement de l’Union européenne sur le thème
    de la justice sociale et de la compétitivité dans le cadre de la mondialisation, de la place de l'Europe dans le monde et de la sécurité des citoyens dans l'Union Européenne.

    Quel débat?

    Dans un rapport qui doit servir de base aux discussions, la Commission européenne plaide pour un dépassement de l’opposition "social contre néo-libéral » et pour un modèle social européen qui n’est ni le modèle britannique (quoi qu’en dise Tony Blair), ni celui des pays scandinaves ou latins (quoiqu’en disent les tenants du non de gauche français). Ce modèle européen est  centré sur la redistribution publique (de l’ordre  27% du PIB communautaire, contre 15% pour les Etats-Unis) (chiffres donnés par le commissaire européen Vladimír Špidla, commissaire européen chargé de l'emploi, des affaires sociales et de l’égalité des chances : Conference "A new social Europe", Bruxelles, le 11 octobre 2005). Il est, sur bien des points, plus efficace que le modèle américain (par ex : le taux de mortalité infantile dans l'Union avoisine les 4,5 pour mille, contre 7 pour mille aux Etats-Unis). Mais des changements sont cependant nécessaires, ajoute la Commission, car « si nous ne sommes pas capables de changer, les forces de la concurrence mondialisée, l’impact des nouvelles technologies et le vieillissement démographique vont remettre en question notre succès économique et la viabilité financière de nos systèmes sociaux (retraites, prestations sociales et santé)». La solution ne passe pas par une remise en cause de la mondialisation qui n’est pas un phénomène nouveau et résulte « de la volonté de milliards de gens d’améliorer leurs conditions de vie, pour eux et pour leurs familles ». Le maintien du statu quo n’est pas davantage souhaitable car les politiques actuelles n’ont pas permis de garantir à tous la justice sociale : le chômage touche 19 millions de personnes dans l’Union , le nombre d’enfants vivant dans la pauvreté et les inégalités en matière de niveau de vie se sont accrus. Conclusion : pour relever le défi, les états doivent « moderniser »  leurs systèmes de retraite, de santé et d’éducation, en prenant exemple sur ceux qui ont le mieux réussi à faire diminuer le chômage tout en maintenant un niveau élevé de protection sociale. Une des mesures phares proposées est la création d’un Fonds d’ajustement à la mondialisation qui pourrait être doté de  7 milliards d'euros pour amortir les chocs des délocalisations et des licenciements dans les régions et les industries les plus touchées par la concurrence mondiale.

    Que peut-on en attendre?

    Ce sommet peut-il donner des réponses aux aspirations de ceux qui en France ont voté contre le traité constitutionnel européen au nom de la défense d’un certain modèle social fondé sur la solidarité et qui aurait été menacé par la « dérive libérale » de la construction européenne ? C'est loin d'être sûr.

    En effet, il est vraisemblable qu’aucune décision n’en résultera. Dans sa lettre d'invitation au Sommet, la présidence britannique précise que le sommet se consacrera à une réflexion. Il n'y aura pas de conclusions écrites. La question fondamentale du budget de l’Union et des perspectives financières pour 2007-2013 ne devrait pas être réglée contrairement à ce que demande la Commission européenne depuis plusieurs mois. Dans ces conditions, comment concrétiser un projet tel que la création du Fond d’ajustement ?

    On voit bien qu’il y a à la fois une hypocrisie des états, qui comme la France, sont prompts à dénoncer l’inertie de
    Bruxelles alors qu’ils refusent de lui donner les moyens d’action (la France avait refusé la précédente proposition de mise en place du fonds d’ajustement à la mondialisation, ce qui n’a pas empêché ensuite J.Chirac de vouloir faire assumer à Bruxelles une responsabilité qu’elle n’était pas en mesure d’exercer dans l’affaire Hewlett Packard).

    On voit bien aussi  que les double non français et hollandais, loin d’avoir été un « choc salutaire » débouchant sur une impulsion nouvelle ont gelé le processus de la construction communautaire. Certes, au lendemain des referenda, « sous le coup de l’émotion », les politiques nationaux comme européens avaient affirmé leur volonté de tenir compte des attentes des citoyens européens (ce qui soit dit en passant relevait de la gageure compte tenu des motivations  antagonistes de ceux qui avaient voté non). Mais aujourd’hui, le traité constitutionnel mis de côté, c’est bien la vision de l’Europe zone de libre échange ouverte à la concurrence qui a le vent en poupe et la France semble trop affaiblie pour pouvoir retourner la tendance, à supposer que ses dirigeants le souhaitent. Dès lors, rien ne presse pour modifier les traités actuels.

    Comme le disait M. Špidla, commissaire européen chargé des affaires sociales, dans un discours devant le parti
    socialiste européen : « le débat sur le « modèle social européen » est marqué par cette interaction permanente entre
    dimension européenne et dimension nationale. Elle est un défi pour les politiques, qui ont, eux, une base sociale nationale
    ». Tout le problème est là effectivement : c’est celui de l’intégration européenne sur le plan social.

    Les propositions de la Confédération des syndicats
    Pour finir sur une note constructive, signalons que la Confédération Européenne des syndicats (CES ) a  présenté différentes propositions dans la perspective du Sommet du 27 octobre (« Forger une Europe forte et sociale,
    contribution de la CES au débat »
    ). A ceux qui « prétendent que l’Europe sociale serait obsolète ou n’existerait pas », la CES rappelle une évidence : l’existence d’un marché unique couvrant 25 pays et le développement d’un marché unique du travail particulièrement dans certains secteurs comme  la construction, l’hôtellerie, la restauration et les transports  routiers, nécessitent des règles communes.

    Définir des normes sociales communes est donc la première proposition de la CES (notamment fin de l’opt-out dans la directive sur le temps de travail, révision de la proposition de directive « Bolkestein » sur les services, dans le sens d’une protection des droits et des conditions des travailleurs …). La CES propose aussi de mettre en place des outils efficaces pour faire face aux délocalisations et aux restructurations (ex : législation instaurant des règles strictes sur l’information et la consultation, droit à la réinsertion pour les travailleurs frappés par un licenciement conjoncturel ou des restructurations avec un soutien au niveau européen au moyen des Fonds structurels). D’autres propositions visent à améliorer la formation, à promouvoir l’égalité,  à établir un cadre juridique s’appliquant aux travailleurs  migrants ou encore à promouvoir les droits sociaux dans les échanges commerciaux internationaux ainsi que dans les entreprises européennes ayant des établissements en dehors de l’Union européenne.

    La CES demande « instamment » aux dirigeants européens de présenter une nouvelle vision de  l’Europe sociale lors
    du sommet du 27 octobre et de lancer « une stratégie à l’écoute des  citoyens et de leurs préoccupations ».
    L'entendront-ils?

  • Bureaucratie européenne, vraiment?

    Fatiguée des litanies obsessionnelles de tous ceux dont le fonds de commerce est de tirer à boulets rouges sur la Commission européenne "qui se mêle de tout" et de dénoncer une bureaucratie européenne envahissante, je me suis livrée à quelques petits calculs.

    En 2004, les effectifs du Conseil général de Vendée (que préside un certain M.de Villiers) s'élevaient à 1019 (chiffres fournis sur le site du Conseil général ), pour une population départementale de 565 230 habitants au 1er janvier 2003  (selon les chiffres de  l'INSEE ). Soit un fonctionnaire départemental pour 554 vendéens.

    En 2005, les effectifs des fonctionnaires européens étaient d'un peu plus de 36100 (source: annexe PARTC-C.Effectifs projet de budget 2005 ), pour une population de 459,5 millions d'habitants (source: Eurostat , Office statistique des Communautés européens), soit un fonctionnaire européen pour 1272 européens. Et si l'on ne tient compte que des seuls fonctionnaires des institutions qui dirigent l'Union : Commission européenne (17937), Conseil (3280) et Parlement européen (5531), le rapport s'établit à un  fonctionnaire  pour 1716 européens.

    Quant à la fonction publique française (d'état, territoriale et hospitalière), elle comptait en 2002,  4 882 081 fonctionnaires (chiffres fournis par le Sénat, rapport général n °74 déposé le 25/11/2004 au nom de la commission
    des finances sur le projet de loi de finances pour 2005
    ). Rapporté à la population française (61 425 000 en 2002 selon l'INSEE), cela nous donne un fonctionnaire pour...12 habitants.

     

  • Cure d'amaigrissement pour la législation européenne

    La Commission européenne poursuit son objectif d'allègement de la législation communautaire. Une communication du 25/10/2005 rappelle et précise sa proposition  d’abroger, de refondre ou de modifier 222 réglementations de base (soit au total plus de 1.400 actes juridiques rattachés) dans les trois ans à venir.


    L'intention est louable : il s'agit de simplifier la législation communautaire, de la rendre plus compréhensible et de légiférer à bon escient. On ne déplorera donc pas le retrait de certains textes: il n'y a certainement pas urgence, par exemple à réglementer la taille des paquets de café.  Mais on peut regretter la disparition d'autres propositions car il n'est pas sûr que le citoyen y gagne. Ainsi, fallait-il renoncer à interdire la circulation des poids lourds le week-end (qui contestera la nécessité de règles communes dans un marché du travail qui tend à devenir européen?) ou encore à édicter des des règles communes d'étiquetage des denrées alimentaires (la protection des consommateurs n'est-elle pas souhaitable?). 


    Ce grand coup de balai projeté donne la priorité  à la consolidation du marché intérieur et procéde d'une  « dérégulation » (comme l’appelle la Commission) plus proche des  conceptions d’une zone de libre échange que des aspirations à une intégration sociale. Faut-il rappeler en outre que parmi les projets que la Commission européenne
    n’entend pas supprimer mais au contraire voir adopter dans les meilleurs délais figure la proposition de directive sur les services (« proposition bolkestein ») qui fera l’objet d’un examen par le Parlement européen cet automne et par le Conseil début 2006. «Aucun état membre n'a jamais proposé de retirer cette  directive", a affirmé le Président de la Commission  "Il nous faut un marché des services intégré. Nous y tenons.»

  • Le perroquet et les cygnes

    Non, il ne s’agit pas des protagonistes d’une  fable de la Fontaine mais d'oiseaux morts récemment de la grippe aviaire en Europe. Le perroquet était placé en quarantaine au Royaume-Uni et s’était trouvé au contact d'oiseaux importés d’Asie.

    Les cygnes ont été retrouvés morts en Croatie.Selon un communiqué du ministère de l’Agriculture de ce pays, publié le 21/10/2005,ils étaient porteurs du virus de la grippe aviaire de souche H5, sans que l’on sache encore s’il s’agit de la variante la plus dangereuse, le H5N1.

    Face à la progression de la grippe aviaire en Europe,l’Union européenne continue de prendre des mesures d’embargo sur les importations de volailles et de plumes provenant de divers  pays où les cas de grippe aviaire sont confirmés  (la prochaine concernera la Croatie, l ’interdiction devant être publiée au Journal Officiel de l’Union Européenne le 24/10.

    D’autres mesures ont été décidées. C’est le cas de la vaccination des dans les zoos et du confinement des volailles
    dans les zones à risque. Mais il appartient  aux états de déterminer ces risques en fonction de la situation sur leur
    territoire.

    La latitude laissée aux états se traduit par des degrés de préparation différents face à la menace de la grippe aviaire. Obligé de garder une certaine réserve diplomatique, le commissaire européen chargé de la santé, M. Markos Kyprianou se veut rassurant quant au degré de préparation de l’Union, mais il a convenu que certains pays ont pris du retard. Chacun des 25 états-membres de l'Union  européenne a soumis  ses plans de lutte dans l'éventualité d'une
    pandémie. Certains cependant ne sont pas finalisés. Presque tous les pays ont soit acquis, soit commandé, des stocks de médicaments pour traiter tous les malades en cas d'épidémie. Mais les quantités sont-elles suffisantes?

    La Commission européenne a demandé aux états de vacciner les populations à risque (enfants et les personnes âgées, notamment) dans le cas de l'apparition  d'un  foyer de grippe aviaire, comme le recommande l’OMS, et de constituer des stocks d'antiviraux pouvant être administrés à un quart de la population. La Commission plaide aussi pour un partenariat public privé qui permette d’accélérer la mise au point de vaccins et de traitements. Mais ce qui semble manquer est une réelle coordination des politiques nationales. Espérons que celle-ci se renforce après la réunion des ministres européens de la  santé des 20 et 21/10 dont l’objet était de discuter des moyens de  prévenir une épidémie: production, stockage, distribution d'antiviraux, mise au point éventuelle d’un vaccin, instauration de contrôles frontaliers. Les premières décisions annoncées à l'issue de cette réunion sont un plan d’action pour constituer des stocks d'antiviraux et organiser leur approvisionnement dans toute l'Union européenne.

    Il reste que certaines mesures mériteraient d'être mieux expliquées. Ainsi, pourquoi faire des stocks massifs de
    l’antiviral tamiflu? Existe-t-il une preuve scientifique qu’il est efficace contre l'infection humaine par le virus H5N1 et a fortiori contre un virus mutant? Autre question: la multinationale pharmaceutique Roche qui possède le brevet a-t-elle les capacités de production suffisantes pour répondre à la demande? ( Cette question semble en voie d’être résolue puisque Roche s’est dit prêt à autoriser des copies du Tamiflu, devançant ainsi une éventuelle application des dérogations  prévues par l'Organisation Mondiale du Commerce -OMC- qui permettent de contourner la protection résultant des brevets en cas de crise sanitaire).

    Mais encore une fois, pourquoi se focaliser sur l’achat et le stockage d’antiviraux? Ne serait-il pas plus efficace (et au passage, peut-être moins cher de vacciner systématiquement les volailles d'élevage dans les pays touchés, comme
     l’avaient préconisé des experts de la FAO, de l'OIE et de l'OMS lors d’une réunion de crise, le 5 février 2004 ?