Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

agences de notation

  • Gros nuages dans le ciel des agences de notation

     

    C'est une nouvelle qui ne manque pas de sel: à la suite de l'annonce que le gouvernement nord américain allait déposer une plainte contre Standard & Poor's pour avoir trop bien noté des produits financiers risqués qui ont été à l'origine de la crise de 2008, les titres boursiers des agences de notation Standard & Poor's et Moody's se sont effondrés le 4 février. Les investisseurs se détournent d'elles de peur de voir leur valeur chuter en cas de déboires devant la justice. Et les agences font à leur tour la cruelle expérience de la propension des investisseurs à quitter le navire avant même qu'il ne semble en perdition. Ce qu'explique un observateur présenté comme un "stratège boursier" (!) sur le site en ligne du journal le Parisien: "Les investisseurs ont vendu agressivement les actions (des agences de notation) de peur que le problème avec le département de la Justice (DoJ) s'aggrave. Ils anticipent d'autres mauvaises nouvelles et leur réaction c'est de vendre l'action d'abord et de réfléchir après". Oui, on avait remarqué.

    D'ici là qu'ils se mettent à spéculer sur cette déconfiture...ce serait une illustration ironique de l'histoire de l'arroseur arrosé.

    Et dans le monde sans pitié des agences c'est le chacun pour soi et haro sur le concurrent en difficulté: l'agence Fitch a abaissé la note de la maison mère de Standard & Poor's à BBB+. Bref, les agences de notation se notent entre elles et ne se ratent pas.

    Pendant ce temps, l'Union européenne finalise une législation qui obligera les agences à rendre des comptes en cas d'erreur, qu'elle soit ou non volontaire.

    Domaguil

     

  • Réglementation sur les agences de notation

     

    Le 16 janvier 2013, le Parlement européen a voté à une large majorité le paquet législatif qui crée de nouvelles règles sur les notations de crédit(579 voix pour, 58 voix contre et 60 abstentions pour le règlement).

    Ces règles encadrent plus strictement l'activité des agences et imposent plus de clarté dans les facteurs sur lesquels s'appuient les agences pour élaborer leurs notations.

    Le texte est révélateur de la méfiance à l'égard des agences et de leur capacité d'ingérence dans les choix des politiques nationales : il précise que les évaluations ne doivent pas chercher à influencer les politiques des états, et que les agences elles-mêmes ne doivent pas défendre des changements de politiques.

    Afin d'éviter les risques de désorganisation et l’instabilité des marchés par des « publications intempestives » (pour reprendre les termes du commissaire européen Michel Barnier) de notations souveraines, les agences devront établir un calendrier annuel des notations qui comportera un maximum de trois notations non sollicitées de la dette souveraine. Les dates de publication devront être publiées par les agences à la fin de l'année précédente. Ces notations seront publiées le vendredi après la clôture des marchés et au moins une heure avant leur ouverture.

    La responsabilité des agences pour leurs notations pourra être engagée par les investisseurs en réparation des dommages provoqués si l'agence a violé les règles communautaires (par ex. publication de la notation en dehors du calendrier fixé, notation compromise par un conflit d'intérêt), de manière intentionnelle ou par négligence grave, qu'il y ait, ou pas, une relation contractuelle entre les parties.

    Le nouveau cadre réglementaire incite les établissements de crédit et les entreprises d'investissement à développer leurs systèmes de notation pour élaborer leurs propres évaluations de risque, afin de réduire la dépendance excessive vis-à-vis des agences de notations. Dans le même but, les députés demandent à la Commission européenne de proposer de créer des évaluations européennes de la solvabilité. Mais le but poursuivi, comme le rappelle le commissaire Barnier, est de parvenir à « éliminer toutes les références aux notations externes vers 2020 s'il y a suffisamment d'alternatives disponibles ».

    Enfin, la composition de l'actionnariat des agences fait également l'objet d'obligationsde transparence et de limitations. Par exemple,une agence de notation de crédit ne pourra pas émettre des notations ou révéler que ces notations pourraient être touchées, si un actionnaire ou un membre détenant 10% des droits de vote dans cette agence a investi dans l'entité notée. De plus, aucune personne ne pourra détenir simultanément des parts de plus de 15% dans plus d'une agence de notation de crédit, sauf les agences concernées appartiennent au même groupe.

    Ce texte devrait prochainement entrer en vigueur puisque le vote du Parlement entérine un accord négocié avec le Conseil.

     

    Domaguil

     

     

  • Faiseurs de rois

     

    Dans la pièce Henri VI de William Shakespeare, le comte Warwick se porte tour à tour à l'aide des York et des Lancastre, deux familles puissantes qui se disputent le trone d'Angleterre, et y gagne le surnom de "faiseur de rois".

    En nos temps modernes, les faiseurs de rois exercent toujours leur contestable talent comme le montrent les péripéties de la crise de la dette souveraine. Et il se pourrait qu'un pas nouveau ait été franchi.

    Jusqu'à l'auto éviction du premier ministre italien, les gouvernements de la zone euro qui ont chuté sont tombés à la suite de la dégradation de la situation économique de leur pays et des finances publiques qui ont entrainé des politiques impopulaires. Bien que la mauvaise santé des pays en cause ait été aggravée par les dégradations de notes souveraines infligées par ces nouveaux mages savants que sont les agences de notation, il y a des fondements rationnels à l'éviction de ces dirigeants et on peut encore analyser leur départ comme une réponse à une pression populaire.

    Avec le départ du Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, la donne est peut-être différente. Que ce soit clair: il ne s'agit pas pour moi de regretter le départ d'un dirigeant dont j'ai personnellement toujours déploré qu'il ait accédé au pouvoir et y ait été reconduit par ce peuple qui aujourd'hui se réjouit d'en être débarrassé. Au contraire, le fait me parait réjouissant puisque M.Berlusconi s'inscrit dans cette catégorie de dirigeants européens qui prouvent jour après jour leur inaptitude et/ou leur absence totale de sens de l'intérêt général. Un de moins, c'est une bonne nouvelle.

    Mais, au dela de la personne de M.Berlusconi, quelles sont les raisons de cette tourmente qui agite l'Italie? Précisément, là est la question.

    La dette publique importante de l'Italie (120% du PIB) suffit-elle à expliquer les attaques dont elle fait l'objet de la part des spéculateurs et le désamour des marchés qui la contraint à emprunter à des taux toujours plus élevés? Comment ce pays est-il devenu, après la Grèce, le nouveau territoire de tous les dangers, alors que l'on aurait pu penser l'Espagne plus menacée?

    L'Italie est un pays industriel dont le PIB en fait la 7e puissance économique mondiale en 2010 selon la liste établie par le FMI, derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni (même si son économie s'est contractée du fait de la crise, la faisant passer ainsi du 6ème rang en 2009 au 7ème). Le journaliste de l'émission de France Inter "l'éco du jour", Philippe Lefébure, rappelait il y a quelques jours: "l'Italie n'est pas le Portugal. N'est pas la Grèce, non plus. L'Italie est en meilleure posture que... l'Espagne, qu'on a longtemps présentée comme le "domino suivant". La croissance italienne a un meilleur potentiel, par exemple: ses exportations progressent. Son système bancaire n'est pas laminé comme celui des Caisses d'épargne espagnoles. En 2010, son déficit public était en dessous de la moyenne européenne. Mieux, l'Italie affiche un "excédent primaire", c'est-à-dire que, hors paiement des intérêts de sa dette -et contrairement à la France-, l'Italie est en excédent budgétaire. Le pays ne paie pas ses dépenses courantes, en s'endettant". Et de s'interroger: pourquoi est-ce l'Italie qui se trouve dans le collimateur des agences de notation? Selon le chroniqueur de France inter la réponse est claire et tient en un mot: Berlusconi. C'est celui-ci qui serait la cause d'un renchéruissement du coût de l'emprunt pour l'état italien car il aurait perdu toute crédibilité aux yeux des agences de notation. C'est ce que Philippe Lefébure appelle "la prime Berlusconi".

    A supposer que Philippe Lefébure soit dans le vrai (et il m'a semblé convaincant), le cas de figure italien est donc celui d'un gouvernement qui chute parce que, bien que démocratiquement élu (hélas, certes, mais Silvio Berlusconi était bien au pouvoir par la volonté du peuple), c'est son premier ministre qui est la cible de la mauvaise appréciation des agences de notation et donc, "la cause" des pharamineux taux d'intérêt que doit payer l'Italie pour se financer. Et voila comment il est proprement contraint à s'éjecter lui-même par ces milieux financiers dont il est pourtant proche.

    Mais les marchés ne font pas de sentiment. Tout ce qui menace leur soif de lucre doit être éliminé. Et nous découvrons donc que les personnes des gouvernants sont à présent un des paramètres d'appréciation de la capacité d'un pays à être vertueux aux yeux des marchés, c'est-à-dire, en fin de compte, à permettre aux investisseurs de ne pas perdre leur argent et mieux, d'en gagner davantage.

    Dire que les marchés sont contre la démocratie est un raccourci. En fait, les marchés sont pour ce qui leur fait gagner de l'argent. Dès lors, la couleur politique d'un gouvernement ou la façon dont il a accédé au pouvoir leur est indifférente, s'il est "rentable". Dans l'absurde, on pourrait imaginer que si un dirigeant communiste menait une politique conforme aux attentes des marchés, il serait tout à fait à leur goût. Il n'y a donc pas de combat contre la démocratie. Les marchés s'en moquent. Mais peu importe les motivations car le résultat est là : les agences de notation font et défont des gouvernements avec cette arme qu'est la notation de la dette souveraine. On pourra objecter, et ils sont nombreux à le faire, qu'elles ne font que pointer les défaillances des politiques internes et que s'en prendre à elles c'est s'en prendre au thermomètre qu'il ne suffit pas de casser pour que cesse la fièvre. Mais c'est faux. Les agences de notation émettent leurs notes au nom de prévisions sur la santé des finances publiques qui lorsqu'elles sont mauvaises entraînent la méfiance des investisseurs donc le renchérissement du coût du crédit accordé au pays donc ... l'aggravation de la dette et de la santé des finances publiques. C'est que l'on appelle la prédiction auto réalisatrice. On en mesure l'absurdité. Mais outre qu'elle est absurde et peu crédible, cette méthode est aussi une menace pour le régime démocratique dont la réalité n'a jamais été aussi évidente qu'aujurd'hui, quand bien même ce n'est pas la première fois que que l'on constate l'influence des marchés financiers sur les politiques d'un gouvernement (il suffit par exemple de se souvenir de ce que l'on a appelé le tournant de la rigueur en France en 1983, décidé par le gouvernement socialiste à la suite d'attaques spéculatives à répétition contre le franc et de la fuite des capitaux).

    Pour tenter de rétablir un peu de bon sens et remettre chacun à sa juste place, l'Union européenne propose une nouvelle réglementation des agences de notation. Mais les procédures législatives sont longues, alors que le temps semble s'accélérer, comme si les faiseurs de rois avaient également une influence sur celui-ci.

     

    Domaguil

     

     

  • Nouveau tour de vis européen en vue à l'encontre des agences de notation?



    Depuis 2009, l'Union européenne s'est attelée à la tâche de réguler l'activité des agences de notation. La réglementation européenne pourrait encore s'enrichir de nouveaux textes comme va l'annoncer aujourd'hui le commissaire chargé du marché intérieur, Michel Barnier, lors d'une conférence de presse à 15h (diffusée sur EBS, Europe by satellite).

    La semaine dernière, la bévue de Standard and Poor's qui avait diffusé une note annonçant de manière erronée une dégradation de la note de la dette souveraine française avait fait sortir de ses gonds le généralement placide commissaire qui avait publié un communiqué le 11/11 pour dénoncer un "incident grave" et mettre en cause le sens de la responsabilité des acteurs du marché, et en particulier des agences de notation. Le commissaire se déclarait renforcé dans sa "conviction que l'Europe doit adopter une réglementation stricte et rigoureuse, notamment mais pas seulement pour les agences de notation" et annonçait la présentation d'un projet législatif pour la semaine prochaine afin de "renforcer la législation sur les agences de notation sur plusieurs plans". Il faut rappeler cepandant que cette proposition était dans les tuyaux bien avant l'incident Standard and Poor's.

    Selon les informations données par le service du Porte parole de la Commission ( Top News de la Commission Européenne 12 novembre – 9 décembre 2011 Note de Background du Service du Porte-parole à l’attention des journalistes), les principaux éléments de la proposition sont les suivants:

    • réduction de la dépendance sur les notations, le constat étant que les participants aux marchés financiers se fient excessivement aux notations de crédit

    • renforcement de la concurrence (actuellement trois grosses agences de notation se partagent le marché) et élimination des conflits d'intérêts qui résultent du fait que les agences sont en grande partie rétribuées par les émetteurs et que leur strucuture d'actionnariat les conduit à noter leurs propres actionnaires

    • augmentation de la transparence et de la rigueur de la notation de la dette souveraine

    • règles européennes de responsabilité civile en cas de faute caractérisée ou de négligence grave.

    Domaguil